Lors de la journée de la culture de 2006, j'ai réalisé en solo une première oeuvre dans un sentier du parc régional en sculptant sur place 13 pierres que j'ai placées en cercle formant un foyer. Les promeneurs étaient invités à commémorer un être cher en lui écrivant un message, en le roulant, en le ficelant puis en l'offrant au feu.
En 2007, j'initiais en collaboration avec la Corporation pour la Protection de l'Environnement à Mirabel et le Musée d'art contemporain des Laurentides (Saint-Jérôme, Québec) un événement annuel d'art public en forêt, Sentier Art 3. Chaque année, trois à quatre artistes sont invités à créer in situ une oeuvre intégrée à la nature dont l'observation permet d'en constater les changements au fil du temps et des saisons.
Suzanne FerlandL
site no. 1, sentier artistique du Bois de Belle-Rivière
2007: Semper
Matériaux: Pierres des champs, bronze patiné
Commémorer les disparus, voilà une des clés de ce travail. Mes interventions portent la marque de l’interaction avec les gens. Le public est invité à collaborer de diverses façons, en laissant une trace dans l’œuvre. Ici, derrière chacune des pierres sculptées un nom a été inscrit par les promeneurs de la première édition. Depuis, chacun est invité à ajouter une pierre et à poursuivre les racines en souvenir d'un être cher disparu.
Suzanne FerlandL
site no. 5, sentier artistique du Bois de Belle-Rivière
2008: Rivière: Figures absentes
Matériaux: Pierres de rivière enfumées
Extraits du texte de Pascale Beaudet paru dans Espace Sculpture, no 86, hiver 2008-2009, pages 40-41.
«L'œuvre de Suzanne FerlandL fait appel aux souvenirs et s’articule autour de la notion de commémoration. Ces interventions portent la marque de l’interaction avec le public. Pour l’occasion, elle a demandé à 22 enfants d’une école de Saint-Augustin (Mirabel, Québec) de lui donner un caillou, de lui raconter un souvenir par écrit, celui d’un moment agréable passé avec une personne qu’ils ne reverront plus, qu’elle soit décédée ou simplement partie et d’en dessiner les traits sur le caillou. Il en résulte non pas des portraits, mais des archétypes universels, hors du temps, qui dépassent les particularités anatomiques. Ceux-ci portent certaines ressemblances avec des masques primitifs grimaçants, acquérant une puissance d’expression dépassant de loin leur petite taille.
Le souvenir a été brûlé rituellement avec les pierres et les traits du visage ont été sculptés dans la pierre. Puis l’artiste a collé les
cailloux sur un hêtre, suivant une ligne sinueuse. La ligne de cailloux trace un sentier, qu’on peut interpréter comme allant vers le sommet de l’arbre ou, alternativement, vers les profondeurs de la terre. Les pierres seront recouvertes par l’arbre au fur et à mesure de sa croissance. La mémoire collective et la transmission de génération en génération s’expriment par ce tracé de cailloux tout simple, mais efficace. »
Pour plus d'informations et découvrir les artistes participants au Sentier Art 3, consultez le site www.sentierart3.com